Article d'opinion du Hill Times
Co-élaboré par Lisa Wolff et Ryan Voisin, cet article d'opinion a été publié par le Hill Times en juillet 2024. L'article met en lumière les nombreux projets de loi axés sur les enfants qui languissent actuellement au Parlement. Ces projets de loi, qui couvrent un large éventail de questions cruciales allant des programmes alimentaires scolaires à la protection de la vie privée en ligne et à une stratégie nationale pour l'enfance et la jeunesse, représentent des étapes importantes vers l'amélioration du bien-être des enfants canadiens. Alors que le Parlement est en vacances et que des élections se profilent à l'horizon, de nombreux défenseurs du bien-être des enfants nous ont dit qu'il était urgent de faire passer ces projets de loi au premier plan de l'agenda législatif.
Le Parlement et les écoles sont en vacances pour l'été, laissant derrière eux des projets de loi pour les enfants.
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Nous avons besoin que les décideurs politiques créent une vision pour le Canada en fixant des objectifs spécifiques et mesurables pour le bien-être des enfants et en s'efforçant de les atteindre.
L'année scolaire est terminée pour la plupart des enfants, et le Parlement est également en vacances d'été, laissant des affaires cruciales en suspens à la Chambre des communes et au Sénat. Il y a rarement eu autant de projets de loi axés sur les enfants en même temps sur la Colline, ce qui s'explique par la maturité de la 44e législature et par le fait que les députés et les sénateurs ont reconnu les besoins et les droits des enfants qui n'ont pas été satisfaits. Pourtant, ces initiatives sont restées au point mort, incapables d'obtenir la traction nécessaire pour devenir des lois, leurs perspectives s'amenuisant de jour en jour alors que le Parlement actuel se dirige vers des élections.
Parmi les nombreux projets de loi restés dans les limbes législatifs, on trouve ceux qui traitent de questions vitales telles que le marketing auprès des enfants, les programmes alimentaires scolaires, les préjudices en ligne, la vie privée en ligne, les droits de citoyenneté, les châtiments corporels, l'âge du vote et une stratégie nationale pour l'enfance et la jeunesse. Chacun de ces projets de loi représente une étape vers la création d'un environnement plus sûr, plus sain et plus équitable pour les enfants canadiens. Malgré les études des commissions et les efforts de sensibilisation déployés à l'intérieur et à l'extérieur du Parlement, ces projets de loi n'ont pas encore franchi la ligne d'arrivée.
Ces projets de loi ne sont pas de simples tigres de papier. Ils témoignent de la reconnaissance des défis multiples auxquels sont confrontés nos enfants et nos adolescents, ainsi que de la volonté des parlementaires de tous les partis, tant à la Chambre qu'au Sénat, de mettre l'accent sur la plus jeune génération - celle qui ne peut pas voter et qui n'apparaît pas dans le registre des lobbyistes - ce qui est plus que nécessaire. Cependant, le manque de progrès met également en évidence une lacune importante dans notre approche : l'absence d'une stratégie nationale cohérente en faveur de l'enfance et de la jeunesse. En l'absence d'objectifs clairs et d'une vision unifiée, ces initiatives bien intentionnées risquent de tomber dans l'oubli.
À l'approche de l'automne, ces projets de loi méritent une place de choix dans l'agenda législatif. Le projet de loi S-282 visant à établir une stratégie nationale pour les enfants et les jeunes au Canada a été adopté en deuxième lecture et renvoyé au comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Nous ne pouvons pas laisser des projets de loi aussi importants que celui-ci rester en suspens. Il faut que les décideurs politiques créent une vision pour le Canada en fixant des objectifs spécifiques et mesurables pour le bien-être des enfants et en s'efforçant de les atteindre. Un bilan de l'UNICEF pour 2020 a classé le Canada au 30e rang sur 38 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en termes de bien-être des enfants, ce qui, pour la plupart d'entre nous, est inacceptable. Au printemps prochain, un nouveau bilan nous dira si les efforts législatifs et politiques déployés par le Canada depuis lors ont suffi à élever nos enfants.
Investir dans les enfants n'est pas seulement un impératif moral, c'est aussi un impératif social et économique. Alors que l'on continue à se lamenter sur la stagnation du PIB par habitant du Canada, la voie à suivre est claire : selon un nouveau rapport de l'OCDE, les désavantages subis par les enfants coûtent au Canada 2,7 % du PIB chaque année ; les éliminer grâce à des politiques et des services appropriés améliorera donc la croissance économique. Si les transferts d'argent et les services d'éducation de la petite enfance sont utiles, ils restent des demi-mesures : ils ne sont pas suffisamment adéquats ou inclusifs pour bénéficier aux familles à très faibles revenus, aux communautés indigènes ou aux groupes racialisés. Les désavantages socio-économiques de l'enfance se traduisent par une santé plus fragile et des revenus plus faibles à l'âge adulte. Cela affecte la productivité globale et le potentiel de croissance du pays. Les recherches montrent régulièrement que chaque dollar investi dans la protection sociale, les soins, la santé et l'éducation des enfants produit des résultats significatifs en termes de productivité et de stabilité sociétale.
Au moment de faire une pause estivale, ne perdons pas de vue les opportunités qui se présentent sur la table du Parlement. Lorsque nous reprendrons nos travaux, profitons de l'élan que nous avons créé pour faire passer ces projets de loi cruciaux à travers la ligne d'arrivée. L'avenir de nos enfants, et même de notre nation, en dépend.
Lisa Wolff est directrice de la politique et de la recherche à UNICEF Canada. Ryan Voisin est directeur général d'Assurer en santé, un réseau pancanadien et intersectoriel de champions de la santé et du bien-être des enfants, basé à Soins de santé pour enfants Canada.
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